L’impact de l’élargissement
La conférence KCI a constitué une plateforme permettant de réfléchir à la manière dont l’adhésion de dix nouveaux États membres (Tchéquie, Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie et Slovénie) s’est préparée et adaptée à l’approche de l’UE en matière de services linguistiques, et a ensuite eu une incidence sur celle-ci. Chacun de ces pays ayant adhéré le même jour, cela a entraîné un changement révolutionnaire qui a nécessité d’importantes adaptations en amont des pratiques en matière de traduction et d’interprétation, parfois des années à l’avance.
Christos Ellinides, directeur général de la direction générale de la traduction à la Commission européenne et président du conseil d’administration du Centre de traduction, a fait part de ses expériences personnelles au cours de cette période, soulignant les difficultés rencontrées par les nouveaux États membres pour s’aligner sur les normes de l’UE. À l’époque, en tant que directeur de la technologie à Cyprus Airways, il a dû s’attaquer aux complexités de la conformité et de l’intégration technologique afin de faire en sorte que le transport aérien à Chypre soit harmonisé à temps avec la législation européenne pour permettre l’adhésion.
Le rôle de l’éducation et de la technologie
L’un des thèmes clés qui ont émergé au cours de la conférence était le rôle essentiel de l’éducation dans la préparation à cette diversité linguistique. Les universités ont dû adapter rapidement leurs programmes d’études pour répondre à l’évolution des demandes des marchés de la traduction et de l’interprétation. Ildikó se souvient que cette transformation était comme pénétrer dans une «nouvelle galaxie», où les langues et combinaisons de langues établies et émergentes nécessitaient des professionnels qualifiés capables de combler le fossé culturel.
Des opportunités nouvelles et inattendues se sont ouvertes, notamment avec des collègues de l’UE qui commençaient à apprendre le hongrois en tant que langue étrangère, ce qui était inédit. Le personnel enseignant hongrois est devenu membre d’une communauté internationale et la recherche dans le domaine de la traduction et de l’interprétation s’en est trouvée fortement stimulée.
Alors que la technologie progresse à un rythme sans précédent, la discussion a porté sur la manière dont l’IA et les outils numériques peuvent être gérés pour améliorer les services linguistiques. L’élément humain demeure toutefois plus vital que jamais. Ildikó souligne que si la technologie est un allié puissant, elle ne pourra jamais remplacer la compréhension nuancée et l’expertise linguistique et culturelle que les linguistes qualifiés investissent dans leur travail.
Défis et possibilités à venir
Alors que nous nous efforçons de préserver le multilinguisme au niveau de l’UE, des défis subsistent. En effet, la nécessité d’un enseignement et de ressources linguistiques de haute qualité est primordiale. Les États membres ont des responsabilités spécifiques dans ce domaine, garantissant l’égalité d’accès à l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge. Cet investissement est essentiel non seulement pour la préservation de la culture, mais aussi pour la compétitivité économique, étant donné que les compétences linguistiques sont de plus en plus reconnues comme un atout précieux sur le marché du travail et en termes d’innovation.
La conférence a également été l’occasion pour les jeunes linguistes de partager leurs points de vue et leurs questions. Les participants se sont fait l’écho de l’importance de se tenir au courant des tendances de l’industrie, d’adopter la technologie et de développer un ensemble diversifié de compétences. Alors que la demande de services de traduction et d’interprétation continue d’augmenter, de nouveaux profils et de nouvelles professions apparaissent, comme ceux spécialisés dans les technologies linguistiques, tandis que les compétences numériques restent essentielles.
L’événement a permis de souligner que le multilinguisme est un pont qui favorise les connexions entre les différentes cultures au sein de l’UE. Ainsi que l’a déclaré Christos Ellinides, la préservation de la diversité linguistique et culturelle est essentielle pour l’identité et la réussite future de l’UE. Toutefois, cela s’accompagne de défis pratiques, en particulier de contraintes financières et de la nécessité de délais de livraison rapides en matière de traduction et d’interprétation.
Se tourner vers l’avenir
La conférence s’est conclue par une vision optimiste de l’avenir du multilinguisme dans l’UE. Un pourcentage important de citoyens plaide en faveur de l’apprentissage des langues et de la protection des langues régionales - 86 % pensent que tout le monde dans l’UE devrait parler au moins une langue supplémentaire et 84 % pensent que les langues régionales et minoritaires devraient être protégées - il existe donc un mandat clair pour agir.
La participation des membres du groupe d’experts linguistiques à la conférence KCI a mis en évidence l’engagement constant en faveur de la promotion du multilinguisme au sein de l’UE. Alors que nous célébrons ces deux décennies de diversité linguistique, il est essentiel de continuer à travailler ensemble – décideurs politiques, enseignants et chefs d’entreprise – afin de veiller à ce que la prochaine génération de linguistes soit en mesure de prospérer dans une société mondialisée.
Saisissons cette occasion pour jeter des ponts entre les cultures et mettre en valeur la richesse de notre patrimoine européen commun!